Quand on traverse un deuil, de nombreuses questions (mineures ou importantes, inavouées ou exprimées) font surface. Et c’est bien compréhensible, car le deuil n’est pas un processus linéaire. Il n’existe ni manuel ni compte à rebours indiquant quand il devrait être « terminé ».
Pourtant, beaucoup de personnes se sentent déstabilisées, voire coupables, face à leur manière de vivre le deuil. Or c’est justement cette diversité de réactions qui montre que le deuil est normal, même s’il est propre à chacun.
« Mon mari est décédé il y a cinq ans. Pendant les premières années, je ne riais presque plus. Mais je me surprends aujourd’hui parfois à profiter à nouveau de la vie. Est-ce normal ? »
« Depuis la mort de mon frère, je rêve souvent qu’il veut me dire quelque chose. Parfois, je me réveille avec l’impression qu’il était vraiment là. C’est étrange, non ? »
« Ma mère est décédée l’année dernière. Il m’arrive d’avoir l’impression de l’entendre bouger ou parler dans la maison. Suis-je en train de perdre la tête ? »
«Quand ma grand-mère est décédée, je n’ai rien ressenti pendant des semaines. Tout le monde pleurait, sauf moi. Le chagrin ne m’a envahi que bien plus tard. Ai-je mal fait?»

Le deuil : un processus normal, mais imprévisible
Le deuil est une réaction normale à une perte, le plus souvent celle d’un être cher. Mais il peut aussi concerner la perte de la santé, d’un mariage, d’un emploi ou même d’une projection d’avenir. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, le deuil est une expérience humaine universelle, aux profondes répercussions émotionnelles, physiques, sociales et spirituelles.
La plupart des gens traversent cette épreuve avec résilience. Cela ne signifie pas qu’ils ne pleurent pas et ne souffrent pas, mais qu’ils finiront par assimiler la perte, à leur rythme, avec leurs propres émotions.
Peut-on rire après le décès d’un proche ?
Beaucoup ressentent de la culpabilité lorsqu’ils se surprennent à rire ou à apprécier quelque chose à nouveau. Comme s’ils n’en avaient pas le droit. Rien n’est moins vrai. Rire pendant un deuil n’est pas une trahison, c’est profondément humain.
Comme l’explique très justement le spécialiste du deuil Manu Keirse : « Le chagrin est le revers de l’amour. Et l’amour n’exclut pas la joie. » Les émotions peuvent coexister ; on peut pleurer et rire, ressentir un manque et profiter en même temps.
Une hallucination ou une preuve d’amour ?
Avoir l’impression d’entendre ou de sentir la présence d’un être disparu n’a rien d’anormal. Des études montrent que 30 à 60 % des personnes endeuillées vivent ce type d’expérience : une odeur, une voix, une caresse, un rêve…
Les neurologues expliquent cela par une activité de la mémoire : le cerveau ravive les souvenirs avec une telle intensité qu’ils paraissent réels. Au lieu de les rejeter, il peut être apaisant de les considérer comme une forme de lien, une manière pour le cœur et l’esprit de traverser ce processus de deuil.
« Les plumes sont pour moi une présence silencieuse. »Quelques situations courantes
« Je ressens encore beaucoup de tristesse après deux ans. N’est-ce pas trop long ? »
Non. Le deuil n’a pas d’échéance. Chacun fait son deuil à son rythme. Il survient parfois par vagues, même des années plus tard.
« Je me sens coupable de penser à m’engager dans une autre relation. »
La culpabilité est fréquente dans le deuil. Mais ouvrir à nouveau son cœur ne signifie pas oublier son ancien amour. Vous vivez, tout simplement.
« Pourquoi suis-je encore en colère contre une personne décédée ? »
La colère fait partie intégrante du deuil. Des conflits ou des paroles non dites peuvent peser, même après un décès. Il est important de reconnaître ces sentiments.
« Je pensais avoir fait le plus dur, mais je fonds soudainement en larmes. »
C’est normal également. Le deuil va et vient. Il est souvent déclenché par une odeur, une chanson, un souvenir. Et cela ne pose aucun problème.

Le deuil est dynamique
Le deuil n’est pas un processus linéaire. Il est souvent décrit comme un mouvement d’oscillation entre :
1. des moments centrés sur la perte : accueillir la tristesse, se souvenir, pleurer ;
2. des moments tournés vers la reconstruction : se changer les idées, préparer de nouveaux projets, profiter.
Les deux sont nécessaires. Et ils s’alternent, parfois plusieurs fois par jour. Là encore, chacun vit ce processus à sa manière.
Pour conclure : le deuil est-il normal ?
Aussi normal que l’amour. Et tout aussi personnel. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire son deuil. Votre ressenti et votre manière de vivre votre deuil sont légitimes.
Soyez doux avec vous-même, donnez-vous du temps et rappelez-vous : vous n’êtes pas seul.
« Comme si elle m’envoyait un signe »
« Après le décès de ma maman, il s’est passé quelque chose d’étrange : un pigeon s’est cogné contre la fenêtre et a laissé derrière lui une marque qui ressemblait à une colombe. Depuis, je trouve souvent de petites plumes blanches quand je traverse une période difficile. »
Diane (54 ans) trouve ces plumes blanches un peu partout : dans la rue, devant sa porte, chez elle. « À chaque fois, je me sens soudain moins seule, comme si quelqu’un marchait à mes côtés. »

Des souvenirs tangibles
Pour Diane, ce n’est pas la preuve ou le miracle qui compte, mais sa signification.
« Ces plumes me réconfortent. Elles me donnent un point d’ancrage. Je les garde toutes dans une petite boîte, à côté d’une photo de ma maman. Ce sont de petits souvenirs concrets de son amour et de ce qu’elle m’a dit avant de partir : “Je continuerai à veiller sur vous.” Cela explique peut-être aussi la présence du pigeon.
Ça peut paraître étrange, mais chacun vit son deuil à sa manière. Ces plumes blanches représentent pour moi une présence silencieuse. Et c’est très bien comme ça. »
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