« Quand je joue de la musique, mon père est là avec moi »

Davy a perdu son père en 2021. Passionnés de musique, c’est en rejouant et en donnant des cours que cet habitant de Grâce-Hollogne se reconnecte avec son père et fait perdurer la relation qu’il avait avec lui. 

Des touches blanches et noires. Chaque fois qu’il pose ses doigts sur le clavier d’un piano, la mélodie qui en sort lui fait penser à son père Guy, décédé en 2021. « La musique était sa grande passion », explique Davy Gengoux. « Mon papa était mon héros, et j’adorais ce qu’il faisait ». 

La musique au centre de leur relation. Le père de Davy était guitariste. « Il jouait dans un groupe de rock’n roll, les Rockin’ Guys. Il a eu l’occasion de passer à la RTBF quand j’avais 3 ou 4 ans. On avait enregistré l’émission et je regardais cette cassette vidéo tout le temps », sourit Davy avec émotion. La musique était la grande passion de Guy, et en tant que père, il voulait la partager avec son fils. « Il m’a demandé un jour si je voulais faire de la musique avec lui. Cela s’est fait naturellement. Il m’a proposé de me mettre au piano, j’ai étudié à l’Académie Grétry ». Guy est un père présent pour Davy, il l’a suivi pendant tout son apprentissage. A la maison, Davy reçoit aussi des conseils de son père, et joue des morceaux plus rocks, « plus funs que Mozart ou Beethoven ».

Un jour, Davy arrête l’académie car il en avait un peu marre de la musique classique. La musique reste toujours présente : « Mon père avait acheté du matériel, une table de mixage, quelques amplis et on avait aménagé un petit studio dans notre cave, pour jouer à deux ». Les liens se renforcent. « On jouait énormément tous les deux, et j’ai même joué dans des groupes de pop/rock. Mon père nous suivait tout le temps, venait nous voir répéter et jouer, nous donnait des conseils. C’était notre fan number one ». Les choses changent quand les parents de Davy divorcent. Forcément, le père et son fils se voient moins souvent. « On ne s’est pas éloignés, mais pas la force des choses, c’est arrivé ». Davy arrêtera aussi la musique et se tournera vers le sport. Une date va tout changer.  

La musique pour se reconnecter

Le 27 février 2021, après une séance de course de 10 kilomètres, Davy reçoit un coup de fil de son frère. La nouvelle tombe : « papa est mort ». « Je ne comprenais pas ce qu’il se passait, c’était surréaliste, il n’avait que 62 ans, c’est trop jeune ». Cela a été très dur pour Davy, vu la forte relation qu’il avait avec son père, et pas seulement à travers la musique. Ils étaient complices. « Un soir où je me sentais perdu, je me suis assis au piano. Et j’ai joué des airs qu’on jouait ensemble. Cela m’a redonné l’envie de rejouer de la musique, pour essayer de me rattacher à lui quelque part ». Davy donne même des cours particuliers par la suite. « Je donne du classique, du solfège et je finis par une séance de pop/rock. Comme mon père. Le premier morceau que je leur apprends, c’est Let It Be des Beatles. Une des premières chansons que mon père m’a apprises, cela me tient à cœur ».

Chaque note, chaque mélodie, chaque air lui rappellent son père et le lien qu’ils avaient. « Chaque fois que je joue au piano, que ce soit à la maison, quand je donne cours, quand j'entends mes élèves qui jouent un morceau que mon père m'a appris, je me dis qu’il est là avec moi… Un jour, mon père m’a transmis la flamme. Aujourd’hui, c’est à mon tour de passer le flambeau à quelqu’un d’autre à travers un cours, ou tout simplement, la musique que je joue et que je partage avec les gens ». Une belle manière de vivre avec un deuil. « Chaque personne qui doit accuser le coup au niveau d'un deuil va avoir son propre lien. Pour nous, c’est la musique. Mais cela peut être tellement de choses pour d’autres personnes ». 

Davy va bientôt arrêter de donner des cours de piano. Car l’année prochaine, il envisage de reprendre des cours de piano pour apprendre d’autres styles, voire prendre des cours de guitare. Pour être encore plus proche de son papa. Qui doit le regarder de là-haut, et qui doit surtout l’écouter…